LES PREMIERS JUIFS AU KL D'AUSCHWITZ
L’EXTERMINATION DES JUIFS DANS LE KL D’AUSCHWITZ
L’EXTERMINATION DES JUIFS DANS LE KL D’AUSCHWITZ
LES PREMIERS JUIFS AU KL D'AUSCHWITZ
Parmi les 728 détenus du premier transport acheminé le 14 juin 1940 de la ville de Tarnów au KL d’Auschwitz, il y avait une dizaine de Juifs (12-14). Bien que les raisons de leur arrestation soient toujours inconnues, nous pouvons supposer que certains d’entre eux, au moins, ont été arrêtés à la suite de l’action de la police allemande, menée contre l’intelligentsia polonaise. Ainsi, par exemple, le docteur Emil Wider, ayant fait partie de ce convoi, était un avocat connu de Tarnów, le docteur Maksymilian Rozenbusz était alors directeur du lycée hébraïque, ainsi que Zdzisław Simche, géographe et auteur d’un excellent ouvrage monographique consacré à Tarnów. Environ une dizaine de Juifs – membres de l’intelligentsia locale, originaires principalement de Cracovie, ont été transportés, ce même 20 juin, depuis la prison de Nowy Wiśnicz.
Très rapidement, les Juifs qui avaient été envoyés dans ces convois au KL d’Auschwitz, sont devenus victimes des conditions absolument inhumaines qui leur étaient imposées par les gardiens SS. Déjà pendant le « discours d’accueil » du Lagerführer Karl Fritzsch, adressé aux détenus qui venaient d’arriver dans le camp, ils ont pu entendre que « si, dans le transport, il y avait des Juifs, ils n’auraient pas le droit de vivre plus de deux semaines ».

Et ces paroles n’étaient nullement des menaces vaines ou sans fondement. Car, si tous les détenus étaient à cette époque-là forcés d’effectuer des exercices physiques épuisants et absurdes, ce que l’on appelait alors des « exercices de sport », c’est cependant sur les Juifs (et sur les prêtres catholiques) que se focalisaient l’attention et la hargne des SS. Ils devaient aussi souvent subir diverses formes de persécution, devenant l’objet de railleries en raison de leur façon de s’habiller (tout de suite après l’arrivée dans le camp, avant même que ne leur soient délivrés les vêtements de camp) ou à cause de leur langage ou des gestes qu’ils faisaient lorsqu’ils imploraient Dieu. Les SS les isolaient alors des autres détenus en leur ordonnant d’exécuter des actions particulièrement humiliantes. Wiesław Kielar fut le témoin d’une situation dans laquelle le SS-Oberscharführer Plagge avait ordonné à un Juif de monter sur un tonneau et de faire des prières, ce qui « procurait une énorme joie aux SS et aux kapos. Pour tout dire, ils se tordaient de rire ». Puis, le Lagerführer Mayer a ordonné à ce Juif et à un prêtre catholique de grimper dans l’arbre et d’y prier à haute voix. Et comme ils n’arrivaient pas à y grimper, Plagge a lancé un chien contre eux. D’habitude, les Juifs étaient forcés d’exécuter les travaux les plus humiliants et les plus pénibles, ils étaient battus plus souvent que les autres, notamment ceux qui, à cause de leur âge ou de leur état de santé, n’étaient plus en mesure de faire les exercices qu’on leur imposait.

A la suite d’un tel traitement, les Juifs étaient les premiers à trouver la mort au KL d’Auschwitz. Les relations des témoins ne sont pas unanimes et ne permettent pas de déterminer qui a été assassiné le premier. Wiesław Kielar, que nous avons déjà cité, déclarait que le premier détenu juif avait déjà été tué par les kapos trois jours après son arrivée dans le camp (ce qui signifie que sa mort serait survenue le 17 juin 1940).

Extrait du livre de Wiesław Kielar, Anus Mundi:

C’est aujourd’hui justement que, pour la première fois de ma vie, j’ai vu … l’agonie d’un être humain. Je n’aurais jamais imaginé que l’on pouvait mourir pendant si longtemps. Ou, peut-être, ce Juif était-il particulièrement résistant. Mais il n’en avait pas l’air, ce vieux, maigre petit bonhomme, qui de plus était myope. Il était maintenant allongé, le dos contre le mur du block, gisant dans la chaleur du soleil de juin. Son crâne nu portait plusieurs blessures. Par terre, des tas de mouches collaient au sang coagulé mélangé avec du sable. Les yeux profondément enfoncés étaient couverts par de lourdes paupières. Parfois, il les soulevait encore mais, apparemment, c’était un trop grand effort pour lui, car il les baissait presque tout de suite après. Ses lèvres, noires, fissurées, brûlées par la soif, bougeaient convulsivement – De l’eau …! Wasser … ! – râlait-il. Les kapos se pressaient en faisant un cercle autour de lui. Quand ils sont partis, le vieux Juif ne donnait plus aucun signe de vie.
Source: Wiesław Kielar, Anus Mundi, Wrocław 2004, p. 20

Extrait du rapport de Zbigniew Adamczyk:

Je me souviens qu’il y avait, parmi nous, un Juif, très vieux et gros, qui était arrivé dans le camp, probablement avec le transport de Wiśnicz. On voyait bien qu’il était à bout de forces et que ses forces l’abandonneraient bientôt totalement. Les SS et les kapos s’acharnaient sur lui. Ils le forçaient à faire des exercices particulièrement exténuants et lorsqu’il n’arrivait pas à les exécuter au rythme qu’ils lui imposaient, ils le battaient jusqu’à ce qu’il perde conscience. Puis, quand il était évanoui, ils déversaient sur lui des seaux d’eau et lui ordonnaient de poursuivre les exercices. Peu après, ils ont enfin atteint leur objectif, c’est-à-dire qu’ils ont tué ce détenu et ensuite, pour ce qui nous concerne, ils ont continué à nous imposer des exercices physiques épuisants.
Source: Zbigniew Adamczyk APMA-B, Zespół Oświadczenia, t. 77, p. 92