Très rapidement, les Juifs qui avaient été envoyés dans ces convois au KL d’Auschwitz, sont devenus victimes des conditions absolument inhumaines qui leur étaient imposées par les gardiens SS. Déjà pendant le « discours d’accueil » du Lagerführer Karl Fritzsch, adressé aux détenus qui venaient d’arriver dans le camp, ils ont pu entendre que « si, dans le transport, il y avait des Juifs, ils n’auraient pas le droit de vivre plus de deux semaines ».
Et ces paroles n’étaient nullement des menaces vaines ou sans fondement. Car, si tous les détenus étaient à cette époque-là forcés d’effectuer des exercices physiques épuisants et absurdes, ce que l’on appelait alors des « exercices de sport », c’est cependant sur les Juifs (et sur les prêtres catholiques) que se focalisaient l’attention et la hargne des SS. Ils devaient aussi souvent subir diverses formes de persécution, devenant l’objet de railleries en raison de leur façon de s’habiller (tout de suite après l’arrivée dans le camp, avant même que ne leur soient délivrés les vêtements de camp) ou à cause de leur langage ou des gestes qu’ils faisaient lorsqu’ils imploraient Dieu. Les SS les isolaient alors des autres détenus en leur ordonnant d’exécuter des actions particulièrement humiliantes. Wiesław Kielar fut le témoin d’une situation dans laquelle le SS-Oberscharführer Plagge avait ordonné à un Juif de monter sur un tonneau et de faire des prières, ce qui « procurait une énorme joie aux SS et aux kapos. Pour tout dire, ils se tordaient de rire ». Puis, le Lagerführer Mayer a ordonné à ce Juif et à un prêtre catholique de grimper dans l’arbre et d’y prier à haute voix. Et comme ils n’arrivaient pas à y grimper, Plagge a lancé un chien contre eux. D’habitude, les Juifs étaient forcés d’exécuter les travaux les plus humiliants et les plus pénibles, ils étaient battus plus souvent que les autres, notamment ceux qui, à cause de leur âge ou de leur état de santé, n’étaient plus en mesure de faire les exercices qu’on leur imposait.
A la suite d’un tel traitement, les Juifs étaient les premiers à trouver la mort au KL d’Auschwitz. Les relations des témoins ne sont pas unanimes et ne permettent pas de déterminer qui a été assassiné le premier. Wiesław Kielar, que nous avons déjà cité, déclarait que le premier détenu juif avait déjà été tué par les kapos trois jours après son arrivée dans le camp (ce qui signifie que sa mort serait survenue le 17 juin 1940).